dimanche 8 mai 2011

Godin, c'est qui ce pey ?

GODIN c’est qui ce pey1 ?
En quoi nous concerne-il ?

La perte de la mémoire du mouvement social m’inquiète profondément. Nous assistons à une fuite en avant, une de plus devenues habituelles chez nos responsables politiques. Seuls comptent quelques recettes et une vague idée d’un Bruxelles ville internationale. C’était déjà le cas à propos de Tour & Taxis. On a gagné.

Construire son projet de société et de ville sur une vision humaniste et solidaire c’est de l’utopie sans doute ? C’est ce que des citoyens veulent. Le patrimoine est un témoin de valeurs. Dans ce cas ci elles sont essentielles au devenir de l’homme.

Le site des anciennes poêleries GODIN à Laeken est très fortement menacé par une décision de la Région de Bruxelles-Capitale de refuser le classement et en quelque sorte donner un feu vert aux promoteurs. Il y a bien une concertation avec différentes administrations et ouvertes aux habitant et associations. Nous serons présents.

Mais c’est une hypocrisie totale. La ville qui est favorable au complexe d’un autre âge dispose de deux voix sur 6 ou 7, la région impose à son administration un avis. L’avis de la Commission n’est que consultatif. La ville décide et la région délivre le permis. Pourquoi demander l’avis des associations et habitants puisque l’on sait qu’ils sont défavorables et le justifient point par point, qu’ils parlent ces courageux, le pouvoir décidera ce qu’il veut.

De plus la région devra débourser pas mal d’euros pris sur nos impôts pour modifier radicalement les voiries d’accès à ce complexe. Rien n’est prévu pour reclasser les entreprises et les travailleurs, alors qu’ils occupent un créneau du recyclage de l’automobile rencontré nulle part ailleurs en région. Une bonne cinquantaine d’emplois sont menacés.

Il y a ici une opportunité très rare. Celle de faire valoir dans la capitale de l’Europe, la réalisation d’une utopie et d’un fondateur des courants coopératifs. De plus en plus d’économistes et de gens responsables font savoir que les coopératives sont une des alternatives fondamentales aux crises du capitalisme et de la bonne gouvernance. Fondée structurellement sur la démocratie interne à l’entreprise, la coopérative fait confiance aux travailleurs.

Pas mal d’entreprises de part le monde démontrent la pertinence et la performance de cette approche tellement respectueuse de la liberté.

Ce pey appelé GODIN a été ulcéré par la découverte de la condition économique et sociale de la classe ouvrière. Il a tout mis dans la réalisation de cette utopie « associer les travailleurs aux avantages de l’entreprise ». Il a eu des échecs en soutenant des projets en Amérique centrale, il a tenu bon et a formé ses ouvriers pour qu’ils puissent « participer et décider », cela a été pénible car beaucoup venait des campagnes et étaient illettrés, mais il l’a fait et réussi.

Bruxelles a un des rares témoins européens de ce courant d’idée, encore debout, en bon état, toujours en activité. Il risque d’être rasé pour implanter une grande surface banale, qu’on retrouve identique de part le monde, construit pour prendre l’argent des gens en leur vendant du brol, réalisé à un cout social souvent inhumain, sur un concept d’un autre âge, de tout à la voiture.
Godin a investi dans l’homme debout. Maysdag investi pour faire de l’argent.

De qui l’histoire se souvient ?

Les études démontrent que ce n’est pas le bon choix, qu’il faut renforcer les commerces de proximité et le tissu social…
Mais y-a-t-il un gouvernement assez audacieux pour avoir ce projet de renforcer la convivialité et de valoriser son patrimoine social majeur, donc refuser ce projet en rupture avec tant de valeurs ?

Guido Vanderhulst
Fondateur et ancien conservateur-directeur de La Fonderie
Président de BruxellesFabriques-BrusselFabriek





1 Pey en bruxellois signifie un vieux monsieur, c’est dit souvent avec un peu de mépris !